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Voyages  -  Impressions  -  Partage.

 

Nos membres et nos amis témoignent.

 

Du Tibet à la Chine

DU TIBET A LA CHINE

 

Depuis qu'ils sont arrivés

Notre langue nous ne pouvons plus parler

Dans nos écoles nous ne pouvons plus aller

Nos moines ont été torturés

Nos temples ont été dévastés

 

Des mères nous ont raconté

L'Himalaya ils ont traversé

A pied, de nuit pour ne pas se faire tuer

Tous ne sont pas arrivés

Des larmes nous avons versées

 

En Inde ils se sont réfugiés

Ont retrouvé un peu de liberté

Même loin des leurs ils continuent de lutter

Pour que le monde entier puisse les écouter

Le peuple continue de s'immoler

 

Aujourd'hui les chinois se sont installés

Les temples par des sex-shops ont été remplacés

Pour ceux qui sont restés, une nouvelle culture a été imposée

Leurs forces ne suffisent plus pour s'opposer

Un pays et une vie qu'ils ne pourront jamais oublier.

 

 

                      Oria.

Mac Leod Ganj

 

Mercredi 22 février 2012 

 

Mac Leod Ganj

 

Le rendez-vous avec Tenzin Thutop, Tsecky Khamo et leur famille est fixé à 9h00 ce matin au main temple. 

 

Les femmes sont magnifiques, vêtues de leur plus belle "chupa" Les hommes aussi ont belle allure dans leur costume bien repassé et droit. Quel beau peuple et quelle magie se dégage d'eux ! 

 

Nous nous laissons emporter à l'intérieur du temple. Là, Tenzin Thutop nous retrouve et nous emmène nous assoir par terre avec ses amis dans un endroit où nous pourrons le voir.Nous savourons longtemps cet instant où nos pouvons observer hommes, femmes et enfants s'installer au fur-et-à-mesure de leur arrivée. 

 

10h15 Le Dalaï Lama fait son apparition, le peuple digne et respectueux se prosterne et prie en silence. L'atmosphère est chargée de foi et la foule est transportée par un même sentiment pacifique. Nous ressentons une union inébranlable et la force qui se dégage nous submerge d'émotions. 

 

Aujourd'hui Il ne fera pas de discours mais Sa présence aura uni et rappelé à son peuple le pourquoi de leur existence.

 

Cathy

Un beau voyage

J’ai croisé mon filleul en 2004 lors de mon premier voyage en Inde avec l’association. Un jeune que nous parrainions nous avait emmenés pour visiter son école. Je me souviens d’une grande chambre très claire, ouverte à tous les vents, non chauffée, meublée de 12 lits superposés, avec des malles métalliques empilées dans un coin et d’une toute petite table bien rangée. Mais je me souviens surtout de 10 jeunes, adolescents ou jeunes adultes aussi intimidés que nous de nous recevoir dans leur chambre et qui après quelques minutes se sont déridés et avec qui nous avons commencé à parler et à rire.

Je ne me souviens pas particulièrement de celui qui devint mon filleul ; je discutais avec son voisin de lit, je me souviens d’avoir entendu un jeune qui parlait de son envie d’étudier la littérature et les langues et d’écrire des livres sur son pays.

 

A mon retour d’Inde j’ai décidé de démarrer un parrainage et le hasard m’a mise en contact avec ce jeune passionné de littérature. Pendant deux ans nos contacts furent quasi inexistants, je n’étais pas très assidue pour écrire des lettres manuscrites, lui non plus et il n’avait pas de mail. En 2006 je suis retournée en Inde et j’ai décidé d’aller le voir dans son collège, je lui ai écrit une lettre pour le prévenir mais sans pouvoir fixer de date. Une fois là bas, je suis partie en bus jusqu’à ce pensionnat et j’ai commencé à le chercher. Je me souviens d’avoir arpenté des allées, demandé qui le connaissait, je me souviens d’avoir vu au moins 3 «Denchow» qui n’étaient pas lui et finalement quelqu’un m’a dit « je suis son ami, je sais qui tu es, restes là, je vais le chercher ». Nous avons passé une superbe journée. Après des premiers moments de réserve, de sourires et de tâtonnements, il m’a proposé de visiter le campus et m’a emmenée voir sa classe, le hall de prières, le terrain de foot. Ce fût une magnifique rencontre. A la fin, il m’a ramenée à l’arrêt de bus nous nous sommes dit au revoir avec la promesse réciproque de nous écrire un mail une fois par mois : il sortirait de son campus et irait au cyber café du village (env. 5km à pied). A ce moment là nous avons démarré une relation toute simple, il se confiait peu, commençait à me raconter ses activités et moi les miennes. Je savais quels samedis il viendrait lire son courrier et je lui faisais un long mail la veille afin qu’il ait des nouvelles à lire. A l’époque, j’étais son seul contact à l’extérieur du pensionnat.

 

En 2008, je suis retournée en Inde et j’ai appris quelques jours avant mon départ qu’il serait de passage à Delhi le jour de mon arrivée. Il était entré dans un collège à Chennai l’année d’avant, nous avions une heure avant le départ de son train ; nous nous sommes retrouvés dans un tea shop, il est arrivé, s’est assis et avec une grande fébrilité, il a sorti un petit bout de papier et un crayon presque sans me dire bonjour ; il a dessiné une ligne, a écrit Doctorat à l’extrémité, il m’a dit : « je suis là, je veux aller là bas. C’est mon projet, c’est pour cela que je suis venu en Inde. ». C’est un moment qui restera gravé en moi. J’ai compris à ce moment là que ce parrainage n’était pas seulement une aide financière mais beaucoup plus ; c’était l’accompagnement sur un chemin long et difficile d’un jeune homme coupé de ses repères et des guides naturels que sont ses parents.

 

C’est le début d’une nouvelle belle étape faite d’échanges réguliers parfois plusieurs fois par semaine au gré des moments de doutes, de peurs et de réussites. Il a dû s’habituer au climat chaud et humide du sud de l’Inde ; il a dû apprendre à vivre dans un campus indien (il était auparavant isolé dans un pensionnat tibétain) ; pendant deux ans, il est allé 3 à 4 fois par semaine au consulat britannique lire des revues en anglais pour se perfectionner (2 heures de marche aller-retour). Il a travaillé sans cesse, me tenant au courant des moments difficiles et aussi des moments de joie. Il m’a envoyé régulièrement des nouvelles, des copies de ses résultats ; ces dernières années j’ai reçu des photos. A chaque période de changement, vacances, choix d’orientation, échecs, réussites, j’ai reçu des mails de joie, de doutes, de questionnements, d’angoisse parfois, quant à ses choix, sa vie, son avenir. J’ai pu, je crois, l’aider à clarifier ses idées, le guider et le rassurer quand il en avait besoin. Je suis allée le voir en 2011 à Chennai et nous avons passé une magnifique journée ensemble, nous avons visité son campus et celui où il rêvait d’aller pour la suite (ce qu’il a fait).

 

En mars 2014, il a soutenu avec succès son Master of Philosophy in History au Loyola College de Chennai.

 

Un cap est franchi.

 

Il a décidé de prendre quelques mois sabbatiques, de parcourir l’Inde pour aller « à la rencontre des indiens qu’il ne connait pas », de retourner au Népal dans le centre de réfugiés où il est arrivé il y a quinze ans, de vivre un peu avant de décider, de la dernière étape (ou pas) de son cursus d’études. Je ne sais pas s’il ira jusqu’au doctorat, je ne sais pas quel sens cela a pour lui désormais. Ce dont je suis sûre c’est que cette relation ne s’arrêtera pas avec le parrainage et que cette histoire construite avec lui depuis 8 ans n’en est qu’à son début.

 

 

 Claude

Trois semaines au Tibet

TROIS SEMAINES AU TIBET

 

 

J’y suis entré comme dans un rêve, je l'ai traversé et parcouru comme un rêve, aujourd'hui je me réveille et tente de me souvenir.

 

Là-haut, au-dessus des nuages, au pays des neiges éternelles, j'ai tant reçu et tant appris du peuple tibétain qu’il me faut aujourd’hui partager la profondeur de mon émotion, la vibration du souvenir, cette douce mélodie qui résonne encore au plus profond de moi.

 

 

Ils ont perdu leur terre dans l'indifférence générale. En 1959 leur chef spirituel et temporel, le 14e dalaï-lama préfère l'exil à l'humiliation et se réfugie en Inde.

 

Quand aux Tibétains restés là-haut sur le toit du monde, oubliés de tous, ils vont supporter la fureur destructrice des gardes rouges, la rééducation par le travail, l'humiliation ou la collaboration, l'invasion ethnique et une répression chinoise de tous les instants d'une violence insupportable.

 

Se dressant ainsi au milieu des nuages, cette terre m’apparaît d’emblée très différente de tout ce que je connais j’ai la sensation d'être entre terre et ciel. La réalité tient du rêve, la proximité de l'infini est trop plausible et si déraisonnable soit-elle, cette sensation domine tout le reste dans ce premier contact.

 

Étape importante  de ma vie, je ressens cette rencontre comme un voyage initiatique.

 

Alors suivre cette route qui s'élève, c'est aussi s’élever. Quand doucement nous parvenons à un col de plus de 5200 m, la vue sur les plus hauts sommets du monde déclenche dans le groupe une pacifique ivresse, une émotion réelle et profonde. L'instant est magique au milieu des drapeaux de prière et je voudrais être oiseau pour m’élever encore. J’aime ce silence, cette immensité, le bleu du ciel et bien que non croyant, la magie des prières ainsi livrées à la lecture du vent. Alentour les sommets entre 5 et 6 mille mètres présentent le profil de simples collines où paraît circuler une liberté au goût d’infini et de vent…

 

Ici le temps perd toutes les valeurs que nous lui attribuons habituellement, et à l’excès des cimes correspond l'excès des distances.

 

Ces paysages où la vue se perd dans un infini que l'on pense pouvoir toucher du doigt, paraissent ne pas être faits pour l'homme. Pourtant ils y vivent sur cette terre de l'impossible. Et dans ces étendues de silence se perdent les pauvres maisons de glaise et quelques misérables tentes de nomades, les petites communautés qui les habitent semblent vouloir apprivoiser l’inaccessible.

 

Dans un environnement où la spiritualité se dégage de tout ce qui m'entoure, le sacré semble vivre au cœur de ce peuple, un ressenti si fort qu’il me semble objectif.

 

Dans ces quelques temples épargnés par les Chinois, la musique ne fait nullement appel à la mélodie, mais développe plutôt un rythme et des sons que l'on dirait jaillis de nulle part, comme la restitution d'une respiration universelle. Et quand vient l'instant de la prière, une vibration intérieure amplifie cette communion de voix aux sonorités caverneuses.

 

Lieu de prière, de pèlerinage, de passage, de travail, d'études, l'endroit vit à toute heure du jour et quand avec le soir revient progressivement le calme, des milliers de sculptures vouées à une vénération très vive redonnent à cet espace une impression de vie, en le peuplant de visages impassibles.

 

Comme il est étonnant de découvrir dehors, au milieu d'une nature aussi rude et austère, autant de douceur, de sérénité et de lumière sur ces visages burinés. Chez ces gens du plus jeune au plus âgé apparaît une égale bienveillance à l'égard des choses et des êtres.

 

La tolérance, la gaieté, la générosité de ce peuple témoigne d'une unité spirituelle qui est peut-être à l'origine de cette similitude des comportements, pour exprimer toujours et partout un message pacifique et lumineux.

 

En quittant le Tibet, j'ai la sensation d'abandonner un peuple à la gentillesse sans limites, qui jamais ne se rebelle, et dont le monde entier se moque bien, un peuple isolé sur son plateau, sans instruction, sans projet, sans avenir, exclu de tout.

 

Je reviendrai pour embrasser ces gens que j'aime pour ressentir à nouveau cette sagesse que nous recherchons tous, pour retrouver cette tolérance que véhicule le bouddhisme tibétain, pour la compassion que portent ces gens à leurs oppresseurs, pour tous ces enfants qui naissent sans aucun droit.

 

Tibétains un jour ensemble nous irons plus loin dans notre rencontre.

 

J'ai bien trop la sensation d'avoir été visiteur, et ne commence à vous comprendre qu'une fois au-dehors.

 

J'aurais tant aimé partager plus avec eux, prendre le temps de m’assoir, regarder, donner tout ce que j'ai en moi et recevoir les trésors de ce peuple.

 

Ils n'ont rien mais ils donnent, ils n'ont rien mais ils partagent, ils n'ont rien mais ils rayonnent.

 

Tibet, ce soir je te pleure, mais enfin je sais pourquoi je t'aime.

Jean

Robert Thurman

"Ce livre est dédié au peuple courageux et pacifique du Tibet, qui a souffert et souffre encore, victime d'une des plus grandes tragédies de notre temps. 

 

 

Le monde entier lui tourne le dos par crainte et par avidité, tandis que le gouvernement chinois poursuit sa campagne d'extermination systématique.

 

Puisse la voix de la conscience universelle se faire entendre ! 

 

 

Puisse le peuple chinois enfin s'informer et comprendre que plusieurs de ses gouvernements successifs lui ont menti et ont totalement bafoué les lois de l'humanité et de la nature ! 

 

 

Puissent leurs cœurs s'adoucir afin qu'ils prennent des mesures concrètes pour réparer les grandes souffrances qu'ils ont infligées à ce peuple innocent ! 

 

 

Puisse le peuple tibétain retrouver bientôt la souveraine liberté qui est la sienne depuis l'aube de l'histoire." 

 

Propos de Robert THURMAN auteur du « LIVRE DES MORTS TIBETAINS » qu'il dédie à ses frères.

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